Longtemps absente, l’Amérique du nord émerge peu à peu au sein d’un calendrier mondial du cyclisme sur route qui se mondialise chaque saison un peu plus. Désormais les pays du golfe (tour du Quatar et d’Oman), l’Amérique du sud (Tour San Luis) et l’Australie (Tour down under) font partie du calendrier de début de saison. Il semble que sur la seconde partie de saison, entre la fin du Tour de France et les championnats du Monde, un circuit nord américain soit en train d’émerger saison après saison. Ceci constitue une tendance inédite dans le calendrier cyclisme mondial.
Le circuit : de l’Utah à Québec en passant par le Colorado et l’Alberta.
L’on peut considérer que ce circuit débute avec le Tour de l’Utah début août qui offre un parcours très sélectif, se poursuit avec le tour du Colorado (appelé désormais America pro cycling challenge) fin août, ensuite l’enchaînement se fait en passant la frontière septentrionale avec le Canada tout début septembre pour l’inédit Tour de l’Alberta et enfin se termine mi septembre avec les deux épreuves québécoises que les grands prix de Québec et de Montréal.
Ainsi le peloton professionnel peut disputer une un mois et demi une série de quatre épreuves de haut niveau sur le continent nord américain.
Le détail des épreuves :
– Tour de l’Utah
classement UCI : 2.1
6 étapes dont un prologue et un contre la montre.
Première édition en 2004.
Podium notables : Tom Danielson (vainqueur 2013), Levi Leipheimer (vainqueur 2010 et 2011), Sergio Henao (2eme 2011), Paco Mancebo (vainqueur 2009, 2eme 2010)
Autoproclamée épreuve la plus difficile des États-Unis le Tour de l’Utah est un épreuve de montagne avec des arrivées en altitude difficiles taillées pour un grimpeur capable d’enchaîner les performances en altitude.
– Tour du Colorado (America pro cycling challenge)
classement UCI : 2.HC
7 étapes dont un contre la montre.
Première édition en 2011.
Podium notables : Levi Leipheimer (vainqueur 2011, 3eme 2012) Tejay van Garderen, vainqueur 2013), 4 victoires d’étape de Peter Sagan en 2013.
Épreuve se déroulant en altitude (2800 m pour certaines étapes, par comparaison, le col du Galibier, grimpe à 2600m) elle se déroule toutefois sur un revêtement roulant qui atténue une partie de la difficulté. Taillés pour un coureur par étape complet possédant un profil de vainqueur d’épreuves comme le Tour de Romandie ou du Pays Basque.
– Tour de l’Alberta
classement UCI : 2.1
6 étapes dont un prologue et contre la montre.
Première édition en 2013.
Podium notables : Pas de palmarès.
Cette épreuve totalement nouvelle permet de faire le lien sportivement entre les épreuves américaines et les québécoises. Le parcours semble taillé pour les puncheurs.
– Grand Prix de Québec
classement UCI : UCI World Tour
course d’un jour.
Première édition en 2010.
Podium notables : Thomas Voeckler (vainqueur 2010), Philippe Gilbert (vainqueur 2011), Robert Gesink (3eme en 2010, 2eme en 2011).
La course qui se déroule sur circuit dans la vieille capitale oblige les coureur à monter à chaque tour plusieurs difficultés dont la courte mais sévère côte de la montagne. Le profil accidenté du circuit allié au climat marqué par un fort taux d’humidité font du circuit québécois un parcours difficile, usant qui couronne un homme fort Le parcours peut faire penser à une flèche wallonne (sans atteindre la difficulté du Mur d’Huy) ou d’un GP de wallonie pour rester sur des références francophones.
– Grand Prix de Montréal
classement UCI : UCI World Tour
course d’un jour.
Première édition en 2010.
Podium notables : Peter Sagan (3eme en 2010), Philippe Gilbert (3eme en 2012), Robert Gesink ( vainqueur en 2010, 2eme en 2011).
Disputé dans le centre de Montréal, le grand prix cycliste qui se déroule deux jours après celui de Québec, présente un profil usant mais moins ardu que celui de la capitale de la belle province. Les dernières difficultés situées à plusieurs kilomètres de l’arrivée favorisent la victoire de coureurs solides et opportunistes.
Le parcours peut être comparé au GP de Plouay.
De l’intérêt de l’émergence de ce circuit américain.
La présence d’un second circuit en août permet étoffer une période de l’année qui était traditionnellement assez pauvre jusqu’à une période récente car située juste après le Tour de France et juste avant les championnats du monde qui se déroulaient traditionnellement fin août.
Les coureurs peuvent désormais partir sur une série d’épreuves en Europe avec en point d’orgue la Vuelta et ses préparatoires dont le Tour de Burgos, ou des épreuves situées dans le nord de l’Europe (le tour du Bénélux appelé désormais Eneco Tour) ou en Amérique du nord. Ces deux circuits permettent de préparer les championnats du monde temps fort de la fin de saison qui se déroulent fin septembre / début octobre.
Ce qui fait l’intérêt de ces nouvelles épreuves nord américaines, c’est qu’elles possèdent une vraie dimension sportive avec de belles étapes. L’intérêt sportif y est présent susceptible de susciter l’intérêt du grand public et des sponsors.
Par ailleurs, les coureurs apprécient en général de pouvoir varier leur programme d’une saison à l’autre, et pour un peloton encore très majoritairement européen, disputer une série d’épreuves en Amérique du nord, permet d’allier compétition et plaisir de la découverte, ce qui peut constituer un facteur de motivation.
Le cyclisme demeure toutefois un sport où la tradition joue un rôle important. Seul le temps, des luttes épiques sur la route et de beaux vainqueurs pourront offrir à ces toutes jeunes épreuves un prestige équivalent à leurs homologues européennes.
Yannick, le Docteur ès sport