Je pense que la Vuelta est définitivement en train de devenir mon grand tour préféré. Le mérite en revient aux organisateurs qui ont su ces dernières années lui trouver un style en adéquation avec l’identité du pays. Plutôt que d’essayer de faire un Tour de France bis (dont le cadenassage tactique qui se confirme édition après édition se révèle tout de même très inquiétant), les organisateurs de la société Unipublic ont développé un style que je qualifierai de « guerilla ». Pas de grandes étapes reines de montagne, mais quasi quotidiennement des difficultés, pas forcément très longues, mais généralement très dures et placé en toute fin d’étape. Résultat, c’est une guerrilla quasi quotidienne que doivent se livrer les favoris pour espérer ramener le maillot rouge à Madrid.
Un plateau de choix.
Les grands noms des courses par étapes s’étaient donnés rendez-vous sur la Vuelta pour une revanche ou une session de rattrapage : Froome, Quintana, Contador étaient présents, plus le grimpeur colombien Estevan Chavez ainsi que l’éternel Valverde. Côté français, pas de Romain Bardet, ni Thibault Pinot, préservés après le Tour de France. Le plateau n’avait finalement pas grand chose à envier au Tour de France pour le classement général. Le plateau de sprinter était il est vrai moins relevé, mais vu la topographie de l’épreuve, cela pouvait se comprendre.
Quintana se positionne.
C’est vrai qu’il avait déçu sur le Tour de Franc en ne prenant que la 3eme place, alors qu’on l’attendait sur la plus haute marche du podium. Le colombien a pris sa revanche dans la Vuelta qu’il a très bien couru, avec il faut le souligner, une très forte équipe Movistar. Cette victoire, en plus de constituer sa deuxième victoire dans un grand Tour, aura probablement un vrai impact psychologique, puisqu’il a été capable de battre Christopher Froome à la régulière.
Contador, décisif… pour la victoire de Quintana.
L’espagnol avait remporté la victoire dans la Vuelta 2014, sur un coup de maître tactique dans une étape de transition. Il aurait quasiment pu récidiver puisque c’est lui qui fait basculer la course dans la 15eme étape. Grâce à une attaque dans les premiers kilomètres, il fait exploser le peloton et isole Chris Froome qui subit l’étape et perd plus de 2minutes à Formigal. S’il avait été en mesure de suivre Quintana dans les pentes les plus dures de l’épreuve, il aurait pu arriver à Madrid en rouge pour la 4eme fois.
Les français, une déception et des satisfactions.
L’on est forcément déçu de l’abandon de Warren Barguil. Le français qui avait éclaté au grand jour sur la Vuelta justement il y a trois ans, s’est eclipsé de l’épreuve espagnole après la seconde étape. Il avait pourtant comme objectif de faire oublier un Tour en demi teinte (23eme), où il n’avait pas été en mesure d’assumer son rang de l’équipe Giant-Alpecin et des JO décevants.
Mais cette Vuelta 2016 a permis à des français de se réveler.
Le tarnais Lilian Calméjane d’abord qui remporta avec brio la 4eme étape de la Vuelta pour sa première saison pro à 23 ans.
Autre grosse satisfaction tricolore sur cette Vuelta, la performance de Pierre Latour. S’il n’est pas parvenu à faire une place au général (28eme), il a accroché une magnifique étape, au bout de la souffrance à l’alto de l’Aitana. Il confirme ainsi ses qualités de grimpeur au plus haut niveau et constitue l’avenir du cyclisme français sur les courses de trois semaines qui prendra la relève de la génération Bardet.
Un objectif pour Saga d’ici quelques années ?
Cela peut paraître décaler à l’heure actuelle, mais l’extraordinaire champion qu’est Peter Sagan devrait s’essayer au classement général d’un grand tour pour continuer à forger sa légende. Lorsque l’on voit que l’an passé, avec un équipe plus solide en montagne Tom Dumoulin aurait pu s’imposer, l’on se dit que le slovaque a dans les jambe une victoire de la Vuelta. Un challenge pas forcément à tenter tout de suite, mais quand à la trentaine, il aura perdu en vitesse et devra se chercher des objectifs différents.
Une grande édition de la Vuelta donc, ponctuée de paysages exceptionnels du départ en Galice au Paseo de la Castellana à Madrid.