Grâce aux JO de Pékin jamais le Tibet n’a eu autant de défenseurs.
Au delà de l’épiphénomène médiatique on peut s’interroger sur le choix fait par le CIO de Pekin pour organiser la compétition.
Personnellement j’ai toujours été très sceptique sur le tournant « commercial » qu’ont pris les JO depuis les années 80, mais au vu de ce tournant Pekin est un choix très logique.
Depuis les années 1980 les JO évènement… commercial ?
Depuis Los Angeles en 1984 la dimension commerciale et marketing de la chose a clairement pris le pas sur la dimension sportive et culturelle.
L’on peut même dire que le sportif n’est qu’un prétexte pour les multinationales pour leur permettre de communiquer à une échelle mondiale.
Le point d’orgue de ce phénomène étant bien entendu les JO Coca-cola de 1996 où le CIO a préféré attribuer à la ville de Coca-Cola (Atlanta), grand sponsor de l’événement, les JO du centenaire plutôt qu’à Athènes ville où ils avaient été recrées un siècle plus tôt par Coubertin.
Pour des JO commerciaux… Pekin est un choix logique.
Le choix de Pekin pour 2008 (déjà au détriment de Paris à l’époque) n’est pas très différent. Offrir l’organisation de cet événement à la Chine c’est permettre aux sponsors et aux autres parrains de s’offrir une belle vitrine sur ce grand marché en pleine expansion.
Le fait que cela pouvait théoriquement le respect des droits de l’homme dans ce pays était un plus, mais clairement pas l’argument principal qui a sous tendu le choix.
Si cela avait été le cas et pour rester cohérent, il ne fallait pas attribuer les JO de 2012 à Londres mais par exemple à Moscou puisque la situation de la Russie reste quand même plus préoccupante en matière de droits de l’homme que la Grande-Bretagne…
La multiplication des disciplines, grande bouillie sportive ?
Parallèlement la multiplication des disciplines plus ou moins improbables (softball, trampoline et j’en passe) fait de l’événement une grande bouillie sportive qui dans la masse ne permet plus de mettre vraiment en valeur les grandes disciplines olympiques traditionnelles.
Les médias zappent d’une discipline à l’autre et l’on saute sans état d’âme la finale du 100 m pour celle du pistolet à plomb 25 mm pourvu qu’un français ait une chance de médaille. Ledit français connaîtra en cas de succès un pic de gloire d’environ un quart d’heure avant d’être totalement oublié par les médias pendant 4 ans à condition qu’il soit à nouveau en course pour une médaille aux JO suivants…
Cette multiplication des disciplines contribue indirectement au renforcement de la dimension commerciale en diluant l’intensité sportive de l’évènement.
Pourtant dans ce magma, il est évident que des compétitions seront extraordinaires à suivre (athlétisme, aviron, volley, water-polo, cyclisme sur piste notamment et j’en oublie bien sûr) et permettront à des athlètes de rentrer dans la légende du sport.
Tout cela laisse donc très dubitatif. Beaucoup de fondamentaux sont à changer sur cet événement, ne serait-ce que l’existence d’un CIO qui selon moi est une instance qui n’a plus de raison d’être.
Il serait tout à fait envisageable de confier à l’ONU la gestion de ce type d’événement. Ceci est une idée forte et il conviendra d’y revenir avec plus de précision.
Yannick, le Docteur ès sport.
Il est vrai que le CIO est perçu par beaucoup comme une ONU du sport, alors qu’il n’est guère plus qu’un organisateur d’évènements sportifs et commerciaux. Ses membres ne sont d’ailleurs pas réellement élus mais cooptés.
Côté sportif, les JO valent plus pour leur exposition médiatique que pour la difficulté réelle du tournoi. Dans pas mal de sports (basket, hand, escrime, …), le tournoi est moins difficile, moins complet, mais plus exposé que le championnat du Monde. Comme les fédérations ont pour la plupart besoin de la manne financière des JO, elles s’écrasent. Même si cela force l’escrime à faire une tournante sur ses armes dans les compétitions par équipes. Cette année, l’épée féminine par équipes ne sera ainsi pas présente aux Jeux. Dommage pour la fin de carrière de Laura Flessel.
Côté personnel, je préfère largement que ma ville accueille pendant quatre ans plusieurs grandes compétitions qu’une session olympique. Les compétitions valent plus le coup et on a le temps d’en profiter… 😉