S’il est l’un des domaines sportifs les plus populaires aux Etats-Unis le sport universitaire est, semble t-il, victime de son succès.
Devant les retombées financières et surtout la notoriété qu’offrent de grandes performances sportives, tout particulièrement dans les disciplines les plus prestigieuses (football US et basket), de plus en plus d’universités privilégient les investissements sportifs au détriment des investissements académiques.
Ce phénomène a été mis en exergue dans un récent rapport de la Knight Commission on Intercollegiate Athletics, cette dernière prône un certain nombre de mesures pour endiguer le phénomène et se recentre sur l’essentiel, ce qu’ils appellent « academic first ».
Découvrez ce sujet jamais rarement abordé à ma connaissance en France.
Le constat : les dépenses sportives augmentent plus vites dans les universités US que les dépenses académiques.
Le constat est assez simple (accablant) : les dépenses académiques ont augmenté de 20% dans les meilleurs universités en foot US alors que les dépenses sportives de… 38 % (presque le double). Un student athlete coûte 84 000$ en 2008 (contre 61 000$ en 2006) tandis que le coût d’un étudiant normal est passé de 11 000 à 13 000$.
Ce décalage a eu mécaniquement un effet sur l’équilibre financier des universités, et aujourd’hui ce sont les ressources académiques qui doivent combler le décalage entre les recettes et les dépenses sportives. Or le différentiel de croissance est-tel que l’écart semble de plus en plus important, susceptible de mettre en péril l’équilibre financier d’une université et la réalisation de son objectif initial… former des étudiants.
Pourquoi, une telle inflation des dépenses sportives ?
La raison est finalement assez évidente. Comme partout, le sport a pris une place considérable dans nos sociétés et un certain nombre de fac sont en quelques sorte devenues des centres de formation pour sportifs professionnels. Pourquoi ? Car le fait de posséder les meilleurs athlètes d’obtenir les meilleurs résultats sportifs est un facteur de prestige sans égal qui permet à la faculté de rayonner sur tout le continent.
Ainsi LSU est au moins aussi connu que Harvard ou Standford grâce à ses multiples titres universitaires et notamment son équipe de football US qui évolue dans le Tiger stadium de 92 000 places.
Or pour avoir des résultats et attirer les athlètes les plus prometteurs, les fac ne peuvent pas les rémunérer, c’est interdit par la NCAA. C’est pourquoi elles investissent dans les infrastructures afin de leur offrir les meilleurs conditions d’entraînement le meilleur « program » et ainsi les attirer.
Le phénomène est-il inéductable ?
La Knight Commission on Intercollegiate Athletics qui a rédigé ce rapport tire la sonnette d’alarme et estime que le phénomène est endigable. Pour ce faire, elle s’appuie sur ses anciennes croisades du début des années 90 ou elle avait dénoncé l’affaissement du niveau des students athletes d’un point de vue académique et la mise en place de cursus au rabais pour ces derniers.
Pour redresser la barre, elle prône plus de transparence dans les comptes des universités et une standardisation de leur format afin d’identifier les universités ou la dérive est trop importante.
Selon moi cette remise en question est importante. En effet, ce qui fait la force du sport NCAA, c’est non seulement les qualités sportives des athlètes, mais surtout leur état d’esprit.
>> pour en savoir plus et télécharger le rapport sur Restoring the balance.
Yannick, le Docteur ès sport.
Source et graphiques: Knight Commission on Intercollegiate Athletics. (2010, June). Restoring the balance: Dollars, values, and the future of college sports. Miami, FL: John S. and James L. Knight Foundation.