Parmi les nombreux articles soir de match que j’ai eu l’occasion d’écrire, je reconnais que celui-ci est très spécial. En effet, ce samedi, j’ai eu la possibilité d’aller à Londres pour voir la rencontre de championship (2eme division anglaise) entre le club du sud de Londres, Crystal Palace et un nom historique du football anglais, Leeds United.
Crystal Palace est un club que je suis depuis près de 25 ans, et il est à l’image du football anglais, à la fois traditionnel, pragmatique et innovant.
C’est un voyage dans un autre univers footballistique que je vous fais partager dans cet article. Le tout accompagné de photos prises par mes soins. Le football anglais, tel que l’on ne le voit pas à la télévision…
Crystal Palace FC : « the pride of London » (la fierté de Londres).
Crystal Palace est l’un des 9 grands clubs professionnels de Londres (Chelsea, Arsenal, Tottenham, West Ham, Milwall, Charlton, Fulham, Queens Park Rangers, le dixième Wimbledon a été transféré à Milton Keynes) et possède des circonstances de fondation qui expliquent ce nom un peu étonnant.
Historiquement le club était le club de l’entreprise qui avait reconstruit le palais de cristal (Crystal Palace en anglais donc) originellement édifié lors de l’exposition internationale de Londres en 1851. La nouvelle implantation de ce bâtiment dans le sud de Londres comprenait des stades de football dans les espaces verts qui l’entouraient. Au tout début du 20eme siècle le succès populaire des rencontres organisées sur ce site (notamment des finale de FA Cup) fûrent l’élément décisif pour inciter l’exploitant du Crystal Palace à soutenir la création d’un club de cette discipline, nous étions en 1905. Le club pris naturellement le nom de Crystal Palace FC et commença sa longue et belle histoire.
Il faut le reconnaître, le club évolua la majorité de son histoire dans les divisions professionnelles inférieures du football britannique. Il connu son apogée sportive au tout début des années 90, puisqu’il disputa et perdit de très peu la coupe d’Angleterre 1990 face à Manchester United et son nouveau manager Alex Ferguson, et termina 3eme du championnat anglais la saison suivante. Ces résultats furent obtenu par l’action d’un manager exceptionnel, Steve Coppel encore considéré comme le plus grand manager de l’histoire centenaire des rouges et bleus.
Excellent recruteur il fit venir à Palace des joueurs sous côtés évoluant dans des divisions inférieures qui explosèrent ensuite au plus haut niveau fooballistique : le gardien de but Nigel Martyn qui devint international anglais, les milieux de terrain Geoff Thomas et Andy Gray qui connurent la même trajectoire et surtout deux joueurs offensifs qui formèrent à cette époque le duo d’attaque le plus redouté du championnat anglais : Ian Wright et Mark Bright. Le premier officiait comme meneur de jeu, tandis que le second était l’avant centre attitré de l’équipe. Ian Wright devint ensuite l’un des joueurs clefs d’Arsenal et de la sélection anglaise, tandis que Mark Bright (17 buts sous les couleurs de Palace en championnat en 1991/1992) ne connut pas les honneurs de la sélections anglaise, barré par des joueurs comme Gary Lineker.
Le club londonien remporta cette même année son premier et seul trophée officiel au plus haut niveau, la Zenith Data System Cup, équivalent à la coupe de la ligue.
Depuis cette période dorée, le club fit l’ascenseur entre la Premier league et la division one. Mais au delà de ses performances sportives, le club connût deux très chaudes alertes sur le plan financier en 2000 et 2010 où il fût mis en redressement judiciaire et frôla la liquidation. Fort heureusement, grâce à une mobilisation générale, le club fût repris par un consortium composé par des supporters du clubs disposant de la surface financière suffisante (d’un point de vue gouvernance, le modèle est réellement intéressant). Depuis, le club continue à se restructurer avec l’espoir de retrouver l’échelon majeur du football anglais. Pour cela, il s’appuie notamment sur son « academy » considérée comme l’une des meilleurs d’Angleterre car s’appuyant sur le vivier de talent du sud de Londres. Du centre de formation de Crystal Palace, sont notamment sortis Ian Wright, Clinton Morrisson, Wayne Routlege, et la dernière perle Wilfried Zaha (dont, je vais parler plus en détail).
Le stade de Crystal Palace, Selhurst Park, est également le fruit de l’histoire du club. Devant le succès du club les premières saisons, les propriétaires firent l’acquisition d’un terrain nom loin du Crystal Palace, route de Selhurst. L’endroit, pris naturellement le nom de Selhurst park. Le stade de 20 000 places, agrandi au fil des années possède l’architecture type d’un stade britannique avec ses quatre tribunes qui bordent la pelouse.
Enfin, comme pour apporter une touche anglaise finale, les joueurs de Palace rentrent sur la pelouse sous l’hymne du club, la chanson Glad over all du groupe « the Dave Clark five ».
Le jeu et les joueurs : Wilfried Zaha, étoile montante du football mondial.
Si l’internationalisation des principaux clubs de Premier League a fait perdre pour beaucoup le style de jeu anglais, le championship conserve clairement cette dimension. En effet, les formations de Crystal Palace comme Leeds, sont essentiellement composées de joueurs de culture britannique et cela se ressent sur la pelouse. Le jeu est engagé, les arbitres laissent jouer, et les duels aériens sont féroces.
La rencontre s’est terminée sur le score de 2 à 2. Palace ayant ouvert la marque, Leeds ayant égalisé puis mené au score pour ne se faire rejoindre par les joueurs locaux qu’à la 86eme minutes. Sur le plan du nombre de buts marqués, la rencontre a été fidèle à la tradition du football anglais généralement beaucoup plus offensifs que de nombreux championnats continentaux.
Mais sur le plan des joueurs, l’aspect le plus intéressant de la rencontre, est qu’il m’a permis de voir évoluer Wilfried Zaha sous les couleurs de Crystal Palace. Le jeune aillier droit de 20 ans est considéré comme l’un des principaux espoirs du football mondial et a été acquis cet hiver par Manchester United pour 18 millions d’euros pour la saison prochaine.
J’avoue avoir été réellement impressionné par ce joueur, clairement au dessus du lot. Il a tout pour lui, la vitesse et l’explosivité qui lui permettent de déborder sur cette dimension purement physique, mais également une technique au dessus de la moyenne avec laquelle il réalise des passements de jambe électriques, ou des gestes techniques audacieux. Toutes ces qualités avec le ballon sont valorisées par une excellente vision du jeu qui lui permet de choisir à bon escient entre le jeu court, long, en une touche de balle ou en dribble. C’est lui qui offre le premier but de Crystal Palace à son avant centre Andy Murray (meilleur marqueur de deuxième division et auteur d’un doublé sur ce match) d’une passe limpide.
A mon avis, Wilfried Zaha va devenir une figure du football mondial parce que c’est clairement un surdoué du ballon en plus de posséder un physique qui lui permet d’évoluer dans le football moderne.
Crystal Palace avec ce nul se maintient dans les positions de promotion (3eme) et continue à espérer une possible montée en Premier League qui serait clairement un aboutissement et la confirmation que les difficultés sont derrière désormais.
Yannick, Docteur ès sport.