J’ai eu la possibilité d’assister la semaine dernière à une rencontre inédite en Ligue 1 entre le Gazelec Ajaccio et l’Olympique de Marseille. Cette rencontre ne manquait pas de piment entre deux formations que tout sépare. D’un côté le petit poucet ajaccien, ses joueurs qui mouillent le maillot et sa lutte pour conserver sa place dans l’élite avec le soutien total de son public, la grosse machine olympienne, ses vedettes et ses objectifs de ligue des champions.
Une affiche explosive qui promettait de l’intensité dans le stade Ange Casanova.
L’atmosphère unique du football corse.
Sulfureuse vue du continent l’ambiance dans les stades corses et à mon sens sans égal en France. Elle comporte ce mélange de ferveur et de passion, parfois intimidant pour l’adversaire, rehaussé par le panorama, en général, somptueux qui entoure les stades corses. Si Timizzolu, le stade de l’AC Ajaccio offre une vue exceptionnelle sur la golfe d’Ajaccio, l’un des plus beaux du monde, le stade du Gazelec, Mezzavia, à l’instar du Furiani (le stade du SC Bastia) donne sur la montagne corse. L’entrée des joueurs sur fond de chants corse est tout simplement impressionnante. Mais mieux que des mots, une vidéo de l’entrée des joueurs lors de ce Gazelec – OM.
Ajaccio et le football.
Victor Sinet écrivait en 1971 dans Corse football de feu « Aucun département ne joue dans notre premier sport, un rôle aussi important que la Corse avec ses deux clubs de première division et son club de division II », plus de 40 ans après la citation reste toujours d’actualité, avec toujours les même clubs phares, le SC Bastia pour la Haute-Corse, le Gazelec et l’AC Ajaccio pour la Corse du sud. Si l’on ajoute le passage du CA Bastia en Ligue 2 il y a deux saisons, la Corse a eu quatre clubs à l’échelon professionnel, aucun département français n’est en mesure de soutenir la comparaison en terme de densité.
Du côté ajaccien la présence de deux clubs l’un en Ligue 1 (le Gazelec cette saison), l’autre en Ligue 2 (l’AC Ajaccio) constitue quelque chose d’exceptionnel puisque hormis Paris, aucune ville française n’est dans cette situation. Si l’on ajoute le fait qu’à Ajaccio les deux clubs professionnels ont chacun leur stade à l’instar des grandes villes espagnoles cela donne une idée de l’importance qu’occupe le football dans la cité impériale.
La Gazelec, club corpo d’EDF-GDF.
Un certain nombre de clubs conservent encore le nom historique de leur origine, parmi les plus connus, il y a les ASPTT, associations sportives de l’ancien service public des postes télégraphes et télécommunications.
Moins fréquents mais issu du même type d’origine, le Gazelec d’Ajaccio est l’émanation du puissant comité d’entreprise de l’EDF (la CCAS) qui bénéficiait historiquement de la règle du 1% votée lors de la nationalisation à la libération. C’est à dire qu’EDF-GDF reversait 1% de son chiffre d’affaires de vente d’électricité, hors taxe, aux œuvres sociales de l’entreprise, ce qui constituait une manne considérable. C’est ainsi que furent créées dans son prolongement des sections sportives appelées « GAZELEC » contraction des mots GAZ et ELECtricité dont le Gazelec Ajaccio et son stade de Mezzavia propriété de la CCAS.
Ceci explique pourquoi durant la rencontre des publicités pour la CCAS (comité d’entreprise d’EDF) sont visibles sur le bord du terrain. Le Gazelec d’Ajaccio est probablement le seul club d’élite à avoir ce type de sponsor.
Le jeu et les joueurs : Ajaccio pas loin de l’exploit.
Les ajacciens auraient pu réussir un gros coup en l’emporte contre Marseille s’ils avaient fait preuve de plus de réalisme. Les marseillais, de leur côté, auraient pu l’emporter s’il avait mieux maîtrisé une fin de match qui leur était favorable suite à l’ouverture du score par Rémi Cabella. Au final un match nul qui ne satisfait personne mais qui permet à l’équipe locale de rester au contact pour la lutte pour le maintien.
Yannick, Docteur ès Sport