Samedi soir, le Paris Volley rencontrait le Narbonne Volley , véritable match test dans la mesure où les audois sont, comme Paris, une équipe en lice pour décrocher la meilleure place possible pour les play-off. Cette rencontre offrait également la possibilité pour le public parisien de voir évoluer deux joueurs incontournables de notre championnat, l’attaquant de pointe Guillermo Falasca, actuel meilleur marqueur de ligue A et Renaud Herpe qui vient finir en beauté dans son club formateur une carrière exceptionnelle.
Je vous présente la rencontre, le tout illustré de photos prises avec mon nouvel optique pour offrir aux lecteurs de Docteur ès sport des photos d’une qualité encore supérieure. Bonne lecture.
Narbonne : la bonne alchimie.
Le Narbonne Volley en avait probablement marre de souffrir chaque fin de championnat pour se maintenir. Il a décidé pour la saison 2012 / 2013 de faire un recrutement ambitieux pour monter d’un cran dans la hiérarchie nationale. Force est de constater que les options prises ont été judicieuses. Je ne parle pas de Guillermo Falasca véritable coup de maitre sur le poste si compliqué d’attaquant de pointe (cf l’épisode Gontariu à Rennes), mais je pense aussi à ces joueurs grecs espagnols et cet entraîneur italien, qui ont donné une couleur très méditerranéenne à l’équipe. En même temps lorsque l’on connaît l’exceptionnel passé antique de la ville, ce n’est qu’un retour au source, et surtout une qualité de volley qui fait des oranges et noirs l’un des outsider de la compétition.
Bravo donc aux dirigeants narbonnais qui sont en train de transformer le volley en sport phare de la ville devant, le rugby et le FUN.
(Petite parenthèse, il y a pas mal d’années déjà, un joueur sétois que j’appréciais beaucoup, Franck Follana, attaquant instinctif et explosif quitta le club vert et blanc pour faire les beaux jours du FUN en division honneur.)
Mais revenons au volley, et même intéressons nous à un autre joueur qui a fait (indirectement) le voyage entre Narbonne et Sète, il s’agit de l’immense Renaud Herpe.
L’immense Renaud Herpe.
Renaud Herpe demeurera toujours pour moi l’une des références absolues en matière de volley et mon joueur favori. Doté d’un beau gabarit (quasiment 2m) ce dernier est un joueur extrêmement élégant sur le terrain, Renaud Herpe, c’est la classe. Très fort en réception, très intelligent tactiquement, un soupçon provocateur et capable d’alterner force et finesse, il est pour moi l’archétype du joueur de volley ultra complet capable de tout faire avec excellence sur un terrain.
Sa carrière illustre cette description laudatrice. Formé à la MJC Narbonne (nom du club de l’époque), il intègre le CNVB, puis découvre la pro A en 1994 à 18 ans à l’Arago de Sète dont son père, Paul Herpe, est président ainsi que l’équipe de France. Associé à un autre jeune prometteur qui a pratiquement le même age, Stéphane Sapinart, ils font de l’Arago l’une des sensations de la saison qu’ils qualifient en coupe CEV. La saison suivante qu’il joue au même niveau, décide Poitiers à le prendre pour renforcer une armada déjà conséquente en compagnie de son associé Sapinart. L’aventure dure un an, puis c’est un retour dans le Languedoc, à Montpellier cette fois, puis à l’Arago de nouveau. Mais ce passage à Sète ne dure quelques mois, car au milieu de l’hiver une proposition issue de Lega A italienne lui permet de réaliser un « rêve de gosse ». Le rêve durera quasiment une décennie entre les plus prestigieux clubs italiens (Trentino avec qui il remporte la Ligue des champions, Macerata notamment) grecs (Panathinahilos, Olympiakos) et une escapade dans le lucratif championnat russe.
Après plus de 10 saisons hors de France (malgré une pige comme joker médical à Poitiers durant quelques mois), il rejoint Narbonne son club de toujours la saison dernière. Cela lui permet d’aider les centurions à se maintenir la saison passé et à viser plut haut cette saison, et de son côté à envisager sa reconversion, puisqu’il se prépare à prendre en main la destinée du domaine viticole familial, le domaine de la Clape (je cite le nom par cœur, le Barrou ayant eu bien longtemps un panneau publicitaire au bord du parquet au nom de l’exploitation).
Pour ceux qui n’en ont pas encore eu la possibilité, précipitez vous voir jouer Renaud Herpe sous les couleurs de Narbonne avant la fin de la saison, car après, le ballon qu’il risquera d’avoir entre les mains sera plutôt en verre…
Le jeu et les joueurs : le sérieux parisien décourage les velléités narbonnaises.
Un peu à l’image des tribus gauloises qui essayaient de déstabiliser les légions romaines sur l’onde de choc de l’assaut, les narbonnais ont essayé de mettre en péril les parisiens sur cette philosophie. Bien regroupés autour d’un trio de réception Lukanietz – Stuerwald – Skrimov appliqué, les terribles mises en jeu ou attaques de Falasca n’y ont rien fait. Les parisiens se sont eux appuyés au niveau offensif sur un Mikko Oivanen qui a montré l’étendu de sa classe dans un style très aérien.
Si le sévère 3 à 0 en faveur de Paris ne reflète pas exactement la valeur de l’équipe de Narbonne, la rencontre aura été d’un très grande densité digne d’une haute de tableau de ligue A. Les audois auront l’occasion de prendre leur revanche à l’occasion des quarts de finale de la coupe de France mardi prochain qui réunira à nouveau les deux équipes à Charlety. A ne pas manquer.
Yannick, Docteur ès sport.